Le Majordome: Quand les Stars américaines s’unissent pour traiter de la problématique du racisme anti-noir

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Dès son premier week end d’exploitation, Le Majordome, prend la tête du box-office américain avec 17 millions de dollars de recettes et booste le succès de Lee Daniels (Paperboy et Precious), en renforçant sa réputation de réalisateur de génie.

Tiré de la vie d’Eugene Allen, majordome qui a travaillé pour la Maison Blanche, de 1952 à 1986, Le Majordome raconte l’histoire bouleversante de Cecil Gaines, Afro-américain ayant grandit dans les champs de cotons du sud des États-Unis, qui part à la recherche d’une vie meilleure que celle de ses parents.  Après avoir fuit  en 1926, la tyrannie de ses bourreaux ségrégationnistes, il saisit la première opportunité de survie qui se présente à lui, qui lui permettra à force de travail acharné de devenir Majordome à la Maison Blanche. Il peut ainsi offrir un avenir meilleur à son épouse Gloria, et ses deux fils.

Mais à quel prix?

En tant que journaliste, Afro-descendante, même si je dispose d’un passeport français, il m’est impossible d’appréhender ce film, tiré d’une histoire vraie américaine, sans me sentir liée, concernée et profondément touchée.

Ce film, dont le budget n’était pas faramineux, réuni deux atouts principaux pour faire un box office.

Tout d’abord,une dualité omniprésente entre l’ancienne et la nouvelle école fondamentalement opposées mais pourtant tournées toutes deux vers le même but, entre l’ascension sociale et l’harmonie du foyer familial, entre la honte et la fierté, l’amour et la haine.

C’est devant la question du choix et du positionnement face à une Amérique intolérante et raciste que nous installe Lee Daniels, avec ce chef d’oeuvre historique.

Comment faire partie d’une société garante de l’injustice en apportant sa pierre en toute dignité?

En courbant l’échine et se soumettant à une majorité dans l’espoir d’une évolution spontanée? où en se dressant contre celle-ci en suscitant désordre et violence, jusqu’à ce qu’elle cède?

Pour une fois, la question de la ségrégation est abordée non seulement par rapport au positionnement des noirs vis à vis de la sociétés blanche, mais également par rapport aux conflits naissant au sein même de la communauté, particulièrement entre ancienne et nouvelle génération.

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Nous assistons là à un véritable drame familial qui s’impose à des Hommes et des Femmes qui aspirent à ce que le fait d’ être estimé à leur juste valeur devienne une réalité.

En tant que Noirs, et ce, que l’on soit née au Etats Unis où, en France, il n’est pas difficile d’énumérer des situations où des individus on tenté de nous diminuer par rapport à notre couleur de peau.

Le Majordome nous met face à ce choix qui se pose effectivement à chaque moment important de notre vie, que ce soit lors de nos premiers pas à l’école, lors de notre entrée dans le monde du travail, où même au sein du couple, et surtout en tant que parents.

Tout le génie du film de Lee Daniels, réside dans l’expression de ce dilemme extrême devant lequel un noir se retrouve tout au long de sa vie. De plus, Le Majordome retrace brillement en parallèle de cette problématique, la lutte des Afros-Américains concernant leur droits civiques, jusqu’à l’élection de Barack Obama, en véhiculant un message d’espoir plébiscité en 2008 “YES WE CAN”.

De plus, ce film nous propose un casting époustouflant, avec notamment Oprah Winfrey, Forrest Whitheker, Lenny Kravitz, John Cuzack, James Marsden,Cuba Gooding Jr, Jane Fonda, et Robin Williams. Un prestige qui fait honneur à cette histoire, et qui porte également la symbolique de la célébration d’une évolution, et qui contribue très fortement au succès du film.

Forrest Whitaker, en revêtant le costume du Majordome, nous conscientise sur la place difficile et douloureuse d’un homme qui a vu ses parents détruits par des adeptes du racisme et la ségrégation raciale, et qui tout au long de sa vie a du refouler ces souvenir, en servant cette même communauté dans l’espoir secret d’un changement.

Oprah Winfrey, que l’on avait pas vu depuis belle lurette au cinéma, touchante et amusante dans le rôle de l’épouse aimante, mais profondément déchirée entre son mari et son fils, tous deux opposé dans un même combat.

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James Marsden, quant à lui, montre la position délicate dans laquelle s’est retrouvé le Président Kennedy, dans son fort désir de changer les mentalités, jusqu’à sa mort.

De leur côté Cuba Gooding Jr et Lenny Kravitz, n’ont pas caché leur grande fierté quant à leur collaboration dans ce film.

C’est cette histoire d’un Afro-Américain qui a aidé à former le mouvement des droits civiques grâce à ses actes mais aussi à ceux de son fils. (…)”Ce film montre comment quelqu’un comme Barack Obama a pu devenir président” a expliqué Cuba Gooding Jr.

“Pas de problème d’égo malgré ce parterre d’artistes […] Tout le monde s’est bien entendu et s’est bien amusé. C’était un plaisir” a déclaré Lenny Kravitz.

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Le Majordome illustre la façon extrêmement pertinente et réaliste de traiter le sujet épineux du racisme que peuvent avoir les Américains. Ce qui est probablement la raison principale de leur évolution en la matière. Dès sa sortie en France le 11 septembre, il ne fait nul doute que Le Majordome sera une claque assurée pour le public français pour qui le seul film à succès relatant un passé de racisme douloureux reste Case Départ!

Pour ma part, il n’a pas été question de choc à la vue de ce film, mais d’émoi profond, qui dépit d’une situation géographique et d’une histoire différente, est le même sentiment suscité par Barack Obama.

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IMARA KATAAINAMA

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